Ce manoir présente une façade percée de deux larges fenêtres à meneaux et d’une porte basse, toutes trois surmontées d’une accolade. Sur le pignon de droite, se détache un lion héraldique, à épaisse crinière, qui emporte un enfant ou un animal. Une tourelle octogonale, faisant saillie sur la façade et contenant l’escalier, s’élance jusqu’au faîte de la toiture. Ces détails et la forme générale de la construction, où se trouvent encore quelques éléments gothiques, dénotent d’une façon certaine de la fin du XVème siècle. C’est l’ancien manoir de seigneurs de la vallée !
La mention la plus ancienne concernant le fief de la vallée date de 1473 et concerne l’anoblissement d’un certain Guillaume Lucas, qui très probablement, fît bâtir à cet endroit un premier manoir. Il eut un fils Charles Lucas, mort vers 1544, qui payait une rente au Saint-Sépulcre de Caen pour « fieffe de terres et de maisons sises à Biéville et comprenant notamment le manoir de la Croutte ».
La plus ancienne mention d’un « manoir de la Croutte » à Biéville date de 1400 : il était attaché aux fiefs de Rubercy et de la Vallée. Fiefs qui furent rachetés en 1611 par Jacques 1er de Baillehache (également détenteur du fief d’Outreval) qui fit construire à cet endroit un second bâtiment d’habitation dans l’alignement du manoir de la Croutte (dont il ne reste, aujourd’hui, qu’un pan de mur) : le manoir de la vallée.
Ce manoir de la vallée servit un temps de relais de poste tout en conservant des fonctions agricoles (d’où la présence de nombreuses dépendances). La même famille restera propriétaire de l’ensemble jusqu’au XXème siècle.
A quelques pas d’ici (à droite, le long du verger), le soir du 6 juin 1944, cinq aviateurs anglais ont péri dans le crash de leur appareil, abattu par la DCA allemande. Un hommage leur est rendu tous les ans, le 6 juin, au cimetière de l’église Notre-Dame de Biéville.